Depuis les années 1990 et le génocide perpétré au Rwanda en 1994, la région des grands lacs est secouée par des conflits meurtriers qui déstabilisent la région. L’une des principales causes de l’instabilité dans la région est l’échec du processus de « Désarmement, Démobilisation et Réintégration ».
Au cœur de ces conflits, repose la mauvaise gestion des ressources naturelles, les tensions ethniques, la délimitation des frontières post coloniales, les flux d’immigration et les ingérences étrangères. En effet, les deux guerres successives du Congo ont eu pour principale cause de provoquer l’instabilité politique et la fragilité de l’Etat congolais. Les deux conflits au Congo prennent leurs origines dans le génocide du Rwanda en 1994. Après le génocide, les instigateurs du massacre, les rebelles hutus s’installent au Kivu et forment la Force démocratique de libération du Rwanda (FDLR). En 1996, le vice-gouverneur du Sud Kivu ordonne aux Rwandais de quitter le Zaïre, ce qui entraîna la première guerre du Congo (1996-1997). La FDLR bénéficie du soutien du Burundi, de l’Ouganda et du Rwanda et participa à la chute du président Mobutu Sese Seko. La seconde guerre de la RDC (ex Zaïre) implique neuf pays africains et une trentaine de groupes armés en raison d’alliances régionales, ce qui en fait la plus grande guerre entre Etats de l’Afrique. La présence de troupes Rwandaises dans la province du Kivu, à l’est de la RDC est à l’origine de ce conflit. Selon un rapport mené par l’ONU, cette présence était motivée par la volonté de s’accaparer les ressources pétrolières et minières de la région. Le 10 juillet 1999, un cessez-le-feu est signé sous la recommandation du conseil de sécurité des Nations Unies. Dans le but d’assurer le maintien de ce cessez le feu, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a adopté la résolution 1279 qui crée la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République Démocratique du Congo (MONUC).
La MONUC s’est alliée aux Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) dans leur lutte contre le Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP), l’alliance de rebelle et de généraux tutsi déchus qui livre une bataille contre l’armée gouvernementale congolaise (FARDC). Le CNDP bénéficie de l’aide du Rwanda et contrôle la province de Goma. En mars 2008, un revirement d’alliance a lieu, le CNDP signe un accord de paix et s’engage à intégrer l’armée gouvernementale congolaise (FARDC). Ensemble, ils lancent une campagne militaire contre les rebelles hutus des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Cette remontée des tensions a mis la MONUC dans une situation délicate, car la FARDC à commis des exactions contre les populations civiles congolaises (viols, meurtres, pillages, enrôlements d’enfants-soldats, trafics).
Dès 2008, le Conseil de Sécurité de l’ONU envisage une reconfiguration de la mission et le transfert de responsabilité à l’ouest afin de concentrer ses efforts vers l’est. Le Conseil de Sécurité des Nations Unies estimant que le conflit est entré dans une nouvelle phase, a prorogé sa mission et transformé son mandat pour une mission de stabilisation et de consolidation de la paix.
Ainsi, le 1er juillet 2010, la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO) est établie par la résolution 1925 et vient remplacer la MONUC. La nouvelle mission a été autorisée à utiliser tous les moyens nécessaires pour s’acquitter de son mandat, à savoir garantir la protection des civils, du personnel humanitaire, des défenseurs des droits de l’homme et enfin d’aider le gouvernement de la RDC à stabiliser et consolider la paix dans le pays. La mission a été déployée pour une durée initiale de 12 mois et dotée d’un effectif maximal de 19 815 soldats, 760 observateurs militaires, 391 fonctionnaires de police et 1 050 membres d’unités de police constituées. Au cours de sa première année, la MONUSCO met en place des mesures pour renforcer la protection des populations et la communication avec les populations locales, particulièrement dans les zones vulnérables. Parallèlement, l’armée Congolaise intensifie ses négociations avec les groupes armés à l’est et parvient à faire diminuer les tensions militaires. Malgré les avancées, le manque de moyens logistique limite l’efficacité de la mission.
En avril 2012, une mutinerie éclate à l’est, elle est composée d’anciens membres du CNDP intégrés à la FARDC à la suite de l’accord de paix du 23 mars 2009. Ceux-ci ont estimé que le gouvernement de la RDC violait l’accord de paix, se sont mutés et ont formé le M23 en référence à la date de l’accord.
En marge du sommet de l’Union Africaine à Addis Abéba le 12 juillet 2012, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs préconise la création d’un force internationale neutre afin de lutter contre les groupes armés à l’est de la RDC. Dans un premier temps, l’idée est que cette force serait constituée par des pays membre de l’Union Africaine. Cependant, les membres de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs ne se sont pas entendus sur la modalité de déploiement, il a alors été convenu qu’elle sera déployée au sein de la MONUSCO. Ainsi, le 24 février 2013, la brigade d’intervention voit le jour et a pour objectif principal d’imposer la paix en empêchant l’expansion des groupes armés.
La situation en République Démocratique du Congo constitue toujours une menace pour la paix et la sécurité dans la région des grands lacs, comme l’a montré la persistance des conflits dans le Nord-Kivu depuis la seconde guerre du Congo et l’omniprésence de groupe armés. Depuis 2014, le mandat de la MONUSCO et de sa brigade d’intervention a été prorogé plusieurs fois s’accompagnant d’une réduction des effectifs. Cependant, le Conseil a également évoqué la nécessité d’une stratégie de sortie ainsi que d’une reconfiguration de la mission et de son mandat en fonction de l’évolution de la situation sur le terrain et des progrès vers les objectifs fixés.
Kilian BILBA, LINKEDIN
Membre de l’académie de la Paix (AISP-SPIA)
Sitographie
HISTORIQUE DE L’OPÉRATION MONUSCO: http://www.operationspaix.net/110-historique-monusco.html, avril 2013, Thomas Poulin
THE UN SECURITY COUNCIL EXTENDS THE MANDATE OF MONUSCO UNTIL 20 DECEMBER 2019: https://monusco.unmissions.org/en/un-security-council-extends-mandate-monusco-until-20-december-2019, 30 mars 2019, Jean-Tobie Okala et Radio Okapi
NORTH-KIVU: MONUSCO ON SECURITY ASSESSMENT MISSION IN SAMBOKO-CHANI-CHANI, BENI TERRITORY: https://monusco.unmissions.org/en/north-kivu-monusco-security-assessment-mission-samboko-chani-chani-beni-territory, 24 septembre 2019, Sy Koumbo S. Gali
SECURITY COUNCIL PRESS STATEMENT ON THE DEMOCRATIC REPUBLIC OF THE CONGO: https://monusco.unmissions.org/en/security-council-press-statement-democratic-republic-congo, 17 janvier 2018, Security Council Press statement on the Democratic Republic of the Congo
La Monuc devient Monusco: https://www.jeuneafrique.com/155432/politique/la-monuc-devient-monusco/, 2 juillet 2010, AFP
RDC : faut-il en finir avec la Monusco ?: https://www.jeuneafrique.com/mag/806091/politique/rdc-faut-il-en-finir-avec-la-monusco/, 23 juillet 2019, Pierre Boisselet