Ces derniers mois, la pandémie mondiale qui a sévi dans de nombreux pays n’a pas eu pour seul impact un nombre de morts humaines considérable. En effet, pris d’assaut par les informations concernant l’influence du virus sur nos vies au quotidien, nous en avons presque oublié l’enchaînement de conséquences sur l’environnement que celui-ci a provoqué.

Néanmoins, une fois encore, il faut nuancer les « bénéfices ». Si certains domaines d’activité ont connu une baisse de régime significative, d’autres ont vu leur consommation augmenter fortement. Afin de préciser ces propos, voici quelques exemples indicatifs de la réelle influence du COVID-19 sur l’environnement.

Premier indicateur fort de l’influence de la pandémie : la baisse des émissions de dioxyde d’azote dans certaines contrées du globe. D’après des études menées par la Nasa suite à des clichés satellites, les émissions de dioxyde d’azote ont diminué de 10 à 30% dans la région de Wuhan, entre le 1er janvier et le 25 février 2020 (en comparaison à la même période un an plus tôt). Pour rappel, Wuhan et ses alentours font, en temps normal, partis d’une des régions les plus polluées de Chine.

Résultat : la diminution dans l’air de ce polluant, qui est l’un des plus problématiques pour notre santé, « devrait épargner plus de vies humaines que le virus en aura coûté » a affirmé le docteur François GEMENNE, dans une interview pour le magazine l’OBS. Certes, nous ne pouvons nous réjouir  d’un tel désastre sanitaire, mais ce type d’étude scientifique permet d’entrevoir une lueur d’espoir quant à l’avenir post-COVID.

Bien entendu, la Chine n’est pas le seul pays où l’on peut deviner des « bienfaits » environnementaux après le passage de l’épidémie. L’Italie par exemple, un des pays les plus touchés par le virus, voit le taux de dioxyde d’azote dans l’air baisser drastiquement dans certaines régions (principalement dans les zones industrielles du Nord).

Mais qu’en est-il de la situation en France ?

Il est encore trop tôt pour mesurer la réelle influence sur l’environnement à moyen et à long terme. En outre, certains indicateurs relevés sur le territoire français nous permettent un premier aperçu des conséquences de l’épidémie.

En premier lieu, le ralentissement prononcé de l’économie française est la cause d’une très forte baisse du trafic aérien. Il suffit d’analyser ces deux photos comparatives du trafic aérien dans la région parisienne, prises toutes deux à 8h25 les mardi 21 janvier puis 17 mars, pour comprendre rapidement l’ampleur du changement :

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De manière générale, le trafic aérien européen n’a cessé de baisser ces dernières semaines (moins 54% entre le 9 et le 15 mars). À titre d’information, le trafic aérien mondial est responsable de 8% des rejets de dioxyde d’azote dans l’air.

Pourtant, il est nécessaire de nuancer le lien entre la qualité de l’air et la baisse du trafic aérien, car la pollution dépend de nombreux facteurs (météo, réaction de plusieurs polluants, vague de pollution arrivant d’autres régions…).

Des effets positifs à nuancer ?

On ne peut résumer l’influence environnementale du COVID-19 à la baisse des particules polluantes dans l’air. Internet et les moyens de communication en général en sont les parfaits exemples. Avec le confinement, l’utilisation d’internet a augmenté de manière exponentielle, principalement dans l’utilisation des moyens de communications. Cet entrain puissant a causé une hausse significative de la consommation énergétique. En revanche, la consommation d’électricité globale fut en baisse, du fait de la fermeture de nombreux commerces et usines.

Les effets du COVID-19 sur l’environnement, démonstration d’une cohabitation difficile entre économie et écologie

Si la crise du COVID-19 nous a montré quelques-uns de ses effets positifs sur l’environnement de manière globale, elle montre surtout l’urgence et l’incompatibilité entre l’écologie et notre modèle économique. Ces dernières années, de nombreux écologistes prônent la décroissance pour permettre un développement plus durable, moins gourmand en ressources, et moins polluant.

Malheureusement, cette pandémie mondiale nous montre encore une fois que malgré des effets positifs sur l’environnement, la crise économique déclenchée ne peut constituer un modèle de décroissance durable.

La décroissance se défait ainsi d’une image utopique, où chacun pourrait vivre avec moins de revenu, moins de biens matériels… À ce jour, cela ne peut être la réalité. Les nombreux acteurs ayant subi de plein fouet la baisse du régime économique (commerces, entreprises, restaurants et bien d’autres) se trouvent dans une situation précaire et risquent de perdre leur emploi, ainsi qu’une grande partie de leur qualité de vie. La partie de la population la plus pauvre subira donc cette après-crise violemment, sans pour autant avoir choisi cette décroissance imposée.

Ainsi, faut-il à l’avenir adapter notre modèle économique à la décroissance, ou bien la subir ?

La réponse à cette question est loin d’être toute faite, mais une chose est sûre : Nous ne pouvons continuer à vivre comme nous l’avons toujours fait ces deux derniers siècles. Certes, ce modèle de croissance linéaire et hyper-activiste nous a permis la réalisation de progrès phénoménaux dans le domaine médical, ou encore technologique, mais cela reste trop inégalitaire. Notre modèle de croissance n’est pas accessible à tous de la même manière, et c’est pour cette même raison qu’une potentielle décroissance « heureuse » ne pourra l’être pour une grande partie de la population mondiale.

Pour le moment, personne n’a apporté une réponse plausible, et la difficulté réside en la nécessité de trouver un modèle adaptable à toutes les sociétés humaines, tout en gardant le positif qu’a apporté cette croissance. De plus, chaque question finit par en soulever une autre :

«  comment organiser la décroissance, là où elle est nécessaire, en évitant des conséquences économiques, sociales, humaines et sanitaires négatives. Comment choisir quels secteurs non-essentiels il va falloir “sacrifier” pour réduire nos besoins en énergie et en ressources ? Quels sont ceux au contraire qui doivent continuer à se développer ? Comment faire en sorte que cette décroissance organisée ne signifie pas pour des millions de travailleurs une vie dégradée et précaire ? Comment organiser la redistribution des ressources ? ».

Sources :

Crédit photo :

• https://www.franceinter.fr/environnement/en-images-quand-les-animaux-prennent-leurs-quartiers-dans-les-villes-desertees

Article rédigé par Hugo ALLEON dans le cadre de son stage à l’AISP.